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Arts & Récits Autochtones - Sept chapitres et une petite lumière pour la cohérence du monde

Sept chapitres et une petite lumière pour la cohérence du monde

2011 - Lauréat de récits

Ce sujet, la cérémonie rituelle d’un décès e l’avant-après d’un suicide, fut un des évènements les plus marquants de ma vie, de mon appartenance culturelle et ma compréhension de la continuité des choses. C’est dans ces moments cruciaux que l’on ressent souvent les émotions et les évidences les plus révélatrices de notre identité. C’est aussi avec du recul que l’on peut mettre des mots et des causes partielles à des évènements passés. Ce sujet m’interpelle beaucoup dans ma démarche personnelle d’écriture du moment. Elle vient me chercher et me ramène à ces sentiments intenses d’absolu et de questionnements incessants face à la mort, que nous avons tous mais vivons très différemment d’un individu à l’autre. Également, c’est une réalité qui touche beaucoup les communautés autochtones et qui reste quand même peu exploitée dans la littérature et la poésie actuelle autochtone. Mes motivations principales d’aborder ce sujet sont de contrer les tabous de cette réalité et de laisser parler le senti que m’a fait résoudre et accepter l’inévitable. Par de fait même donner u peu d’espoir et de relativisme a tous les gens que sont touchés d’une façon ou d’une autre par ce sujet et pouvoir exprimer avec mes mots la manière dont j’aborde maintenant cette réalité périlleuse.

Lisez l’histoire de Marie-Andrée Gill

Marie-Andrée Gill

L'Anse St Jean, QC
Sept chapitres et une petite lumière pour la cohérence du monde Mashteuiatsh
Âge 24

Une note d'auteur

Ce sujet, la cérémonie rituelle d’un décès e l’avant-après d’un suicide, fut un des évènements les plus marquants de ma vie, de mon appartenance culturelle et ma compréhension de la continuité des choses. C’est dans ces moments cruciaux que l’on ressent souvent les émotions et les évidences les plus révélatrices de notre identité. C’est aussi avec du recul que l’on peut mettre des mots et des causes partielles à des évènements passés. Ce sujet m’interpelle beaucoup dans ma démarche personnelle d’écriture du moment. Elle vient me chercher et me ramène à ces sentiments intenses d’absolu et de questionnements incessants face à la mort, que nous avons tous mais vivons très différemment d’un individu à l’autre. Également, c’est une réalité qui touche beaucoup les communautés autochtones et qui reste quand même peu exploitée dans la littérature et la poésie actuelle autochtone. Mes motivations principales d’aborder ce sujet sont de contrer les tabous de cette réalité et de laisser parler le senti que m’a fait résoudre et accepter l’inévitable. Par de fait même donner u peu d’espoir et de relativisme a tous les gens que sont touchés d’une façon ou d’une autre par ce sujet et pouvoir exprimer avec mes mots la manière dont j’aborde maintenant cette réalité périlleuse.

Lisez la suite

Sept chapitres et une petite lumière pour la cohérence du monde

J’ai trouvé à t’écrire une fois pour toute.
Même si rien n’est plus et que tout est là.

Chapitre 1: Tu te souviens

Tu te souviens on pleurait le calfeutrage des rivières
les territoires se décomposant sous nos ongles.
On s’ouvrait la tête pour ne plus sentir le ciel
se décolorer sur nos épaules.
On montait dans le bois se guérir des villages
et des envies tu te souviens
les grands cours d’eau qui allaitaient nos télévisions
On s’inventait une vie toute docile
et quand même
les mémoires saignaient
et ça nous sortait par les os.

Chapitre 2: Avant

Combien de fêtes à s’épuiser de caler nos restes
au fond de nous mêmes
Dit moi encore comment on engourdit les petits matins
pour ne plus se réveiller avec tous ces trous noirs qui nous parsèment
avec ces lucidités martelées d’espaces millénaires
que nous ne connaissons pas
les organes détachés trop longtemps
au milieu des choses.

Chapitre 3 : Les certitudes

J’étais avec toi jusqu’au bout des démesures
et je voyais la vie peindre son oeuvre,
la vie tranquillement avaler les miracles
dans les lignes de ta main.
Je ne savais plus pourtant j’étais sûre que tu disais
encore quelques tours du soleil j’étais sûre que l’espérance
n’était pas qu’un mot béatitude.
Que ton corps criblé pouvait refondre et prendre racine
sur les terres dont nous allions réapprendre les cent mille chemins
réapprendre l’incalculable médecine en suspension dans ce parallèle.

J’étais sûre. Je ne suis plus sûre de rien.

Chapitre 4: L’évènement

Le chaos dans mes neurones avec toi vivre
une ou même deux éternités.
Je n’aurais voulu qu’un instant de plus
pour écouter ta boîte noire avant ton échappée.
Je sais je sais je ne sais rien mais n’empêche
tu n’as pas pu te retenir
de revêtir tes ailes de cendres
dont j’haissais la couleur
de te transformer en continu
le temps de cligner des yeux.

De reprendre ta place dans le cercle avant nous.

C’était un samedi
je crachais des marées noires par les yeux
et les tiens fixaient l’absolu.

Chapitre 5 : Teuehikan

C’est l’été je me transplante au réel de toutes mes forces.
Techniquement tu n’existes plus ,
tu es dans le salon en même temps tu n’es pas là.
Debout, les pieds peinant à s’accrocher à la terre j’attends.
J’ai ton nom qui crie dans la gorge et le paysage en évanouissement.
J’attends la suite en fouillant tous les possibles pour n’y trouver que l’évidence.

Je suis absente diaphane fantôme transparente.

Dehors ils viennent de partout dans la canicule – dans la pleine lune.
Entre deux apparitions j’entends,
je sens que tu es là.

Tu es là.

Il chante dehors dans la nuit avec son teuehikan.
C’est toute la tonalité de ton envol et plus que jamais

tu es là.

Il chante.
De sa voix de chaman il dénoue les éclatements.
Il apaise.
C’est la langue des ancêtres, c’est la simplicité et la complexité du monde.
Je peux voir plus loin que la logique: la continuité des corps
et le souffle des milliards d’âmes former nos entités minuscules.
C’est les étincelles du feu.
C’est tous ces gens qui se tiennent
C’est les arbres dans leur danse
et le porteur de tambour dans sa transe.

Tu es là. Tu es partout.

Tshinishkumitin …
Merci….

Chapitre 6: Continuer

Cérémonies, tentes suantes, tous les lieux et les gens me ramènent.
Notre fils reçoit son nom rituel :
Wapeskin Mikenak Enene: la tortue blanche.
On m’assure qu’il vivra longtemps et je te vois dans sa pupille.

Chapitre 7 : Après

Je peux tout supporter sur mes cils.
Tout tourne. Machinalement. Fluide.

Les temps changent disent-ils
d’un bout à l’autre des rangées,
de prescriptions
de bords de mer au idées noires.

Je chuchote pour ne pas chasser le rêve
(juste là )
s’exauçant sur les fantômes.

T’es toujours là quelque part
aérien somnambule jaune cosmique.

Tu sais on peux renverser les prédictions
dans tous ces siècles
qui nous passent entre les mains .

Regarde bien
nous ne mourrons plus dépolarisés.

COMMANDITAIRES & COMMANDITAIRES MÉDIA